Deux millions d’euros supplémentaires

Le Conseil d’administration de Cavac a voté début octobre une aide exceptionnelle de deux millions d’euros pour faire face aux mauvaises récoltes de l’été en céréales à pailles. Cette aide s’ajoute à celle, de deux millions d’euros également, adoptée au printemps. Au total, la coopérative aura engagé à ce stade quatre millions d’euros pour venir en appui à ses sociétaires les plus engagés.

« La collecte d’été de notre coopérative accuse une perte de 50% par rapport à une collecte habituelle, constate Franck Bluteau, président délégué de Cavac et agriculteur à Jard-sur-Mer. D’octobre à la fin de l’hiver 2023, les sols étaient trop humides pour semer l’ensemble des surfaces. Avec un hiver très pluvieux et un printemps pas meilleur, les rendements ont été faibles ». C’est ce qu’a connu Pierre Bretin, installé depuis deux ans à Beaurepère en polyculture-élevage (volailles et bovins). « L’automne dernier, j’ai semé mon blé dans une terre détrempée sur seulement 22 hectares au lieu des 45 prévus et mon rendement est descendu à 41 quintaux contre 73 habituellement ». Depuis six mois, l’agriculteur ne se dégage plus de salaire et creuse sa trésorerie pour rembourser ses avances récoltes. « À part Cavac, personne n’est venu voir comment on allait, témoigne Pierre Bretin. L’aide financière de la coopérative ne va pas essuyer toutes les difficultés, mais elle a le mérite d’exister ». Pour Mathieu Piveteau du Gaec Bienvenue en polyculture-élevage (vaches laitières) aux Brouzils, « cette campagne de semis a été interminable. Elle a nécessité une mobilisation permanente et sans répit tant que les céréales n’étaient pas semées. En plus, nos cultures ont subi les attaques de pucerons sans possibilité d’intervenir sur nos terres gorgées d’eau ». Comme Pierre Bretin, Mathieu Piveteau accuse des pertes significatives. « L’aide de la Cavac ne nous permettra pas de revenir à l’équilibre, mais elle est la bienvenue », souligne Mathieu Piveteau.

Une prime de 20 € de la tonne manquante

Au printemps, la coopérative avait déjà validé près de deux millions d’euros d’aides avec des reports d’échéances. Les semences de céréales à paille conservées dans les exploitations vont ainsi être utilisées cet automne si les conditions le permettent. Des aides aux semis de chanvre ont également été actionnées au printemps. Ces semis ont été réalisés jusqu’en juin avec une compensation financière pour semis tardifs.

« La nouvelle enveloppe de deux millions d’euros d’aides directes concerne les sociétaires engagés dans les contrats Positiv’ et qui accusent les plus fortes baisses de tonnage en récolte d’été entre 2023 et 2024 » détaille Franck Bluteau. Concrètement, une prime de 20 euros de la tonne manquante sera ainsi versée aux sociétaires engagés dans ces contrats, en rapprochant le tonnage 2024 au tonnage 2023 avec une franchise de 25%.

L’aide sera versée directement sur le compte des sociétaires en contrat Positiv’, soit environ 1 200 bénéficiaires potentiels. Selon les cas, cette aide peut atteindre jusqu’à 10 000 euros. « Dans ce contexte inédit, notre coopérative répond présent, explique Franck Bluteau. Les actions de solidarité sont inscrites dans l’ADN de notre coopérative. »

Implantation de blé au Gaec Bienvenue aux Brouzils en octobre 2023. Sur les 160 hectares de céréales prévus, seulement 60 ha de blé ont pu être semés dont 15 ont été noyés. Le rendement s’est limité à 40 quintaux pour la récolte 2024 contre 75 q réalisés lors de la récolte 2023.

Récoltes 2025, des perspectives incertaines

Après une année chaotique qui a bouleversé le calendrier des cultures, ce début d’automne ne permet pas encore d’entrevoir le bout du tunnel. Le mois de septembre enregistre en effet à nouveau une pluviométrie atypique. Avant d’avoir pu récolter le maïs et le tournesol, le fort vent a couché de nombreuses parcelles complexifiant le ramassage des cultures de printemps, d’autant plus que la pluie est restée abondante la première quinzaine d’octobre. Au moment où nous écrivons ces lignes, les parcelles n’étaient toujours pas libérées pour laisser place au semis de blé qui débutent habituellement la deuxième quinzaine d’octobre. Face à cette crise climatique qui s’éternise, Cavac reste plus que jamais à l’écoute de ses agriculteurs sociétaires et attentif aux réalités de terrain pour l’implantation des semis à venir.

Le coup de vent violent de fin septembre a couché de nombreuses parcelles de maïs, complexifiant la récolte d’automne.

La stratégie de la prudence

Cette situation est particulièrement préoccupante pour certains agriculteurs. « Cela montre la pertinence d’être dans une coopérative aux reins solides et d’être prudent, en tant qu’agriculteur, dans ses investissements et ses provisions, rappelle Frank Bluteau. Cette situation nous renforce dans notre stratégie de prudence ».  

La résilience du modèle Cavac a fait ses preuves. Cette résilience s’appuie sur une diversification des productions et le développement de filières à valeurs ajoutées. À ce jour 75% de nos adhérents sont en polyculture élevage. C’est notamment le cas de Pierre Bretin et Mathieu Piveteau cités en ouverture de l’article qui n’ont pas mis, selon l’expression, “tous leurs œufs dans le même panier”. « Nous produisons 1,6 million de litres de lait par an, explique notamment Mathieu Piveteau du Gaec Bienvenue aux Brouzils. C’est ce qui nous permet cette année de limiter la casse ». Cette résilience s’appuie également sur des liens forts avec nos partenaires historiques. Une fidélité, qui dans les moments durs, permet souvent de trouver des solutions. De quoi garder une vision positive de l’agriculture.

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